No words Having nothing Just being
Une video, grand format, est projetée. Arrêt sur image : noir, blanc, des visages...
Plusieurs images se suivent, apparemment sans lien : un feu en face duquel des personnes se tiennent pour se réchauffer ; la plage, où des blocs de glace sont léchés par les vagues, fondent progressivement ; des rondins de bois sur un train ; l'intérieur de cabanes misérables... L'artiste a choisi d'agrémenter son image d'une bande-son faite de bruit réels, du quotidien : des paroles, le roulis des vagues, le craquement du feu, pas de musique. Le tout était atténué, très doux, sans excitation. Oeuvre d'art ou documentaire ?
Cette oeuvre, pourtant, nous touche, elle dénonce les conditions de vie misérables des sans-papiers en attendant de trouver un moyen, quel qu'il soit, pour passer en Angleterre. Dans le camp de réfugiés, ils peuvent s'entasser jusque 15 dans des cabanes d'environ 2,5m sur 3,5m. Ils restent sur le qui-vive car la police passe régulièrement. Ils sont en transit, à l'arrêt, mais prêt à partir, à prendre un train, un camion, pour rejoindre leur but ultime. Les cabanes, en contreplaqué ou en glace, ne sont pas faites pour durer. Les migrants doivent migrer...
Pas de visage en gros plan, mais des dos, des mains, comme pour montrer que cette détresse est universelle. Calaisiens, dunkerquois, on vit à côté des sans-papiers mais on ne les voit pas. Qui d'ailleurs voudrait les voir ? Ce témoignage doit nous obliger à nous regarder les uns les autres.
Loulouludwig et Sergent Chef